«Un récit exceptionnel, un témoignage de première main et une série d’analyses perspicaces»…
Peu de responsables, politiciens, financiers, diplomates ou universitaires peuvent se targuer d’un parcours aussi varié, aussi complet, et, disons-le, aussi performant que celui de Si Chedly Ayari.
Souvenons-nous du brillant professeur, premier agrégé de sciences économiques, au cours duquel on se pressait, peinant à trouver place. Du charismatique doyen qui déminait avec sang-froid et humour les tensions estudiantines les plus explosives. De l’élégant diplomate qui avait su donner une image digne de la Tunisie. Mais aussi du ministre d’une économie alors faste. Du travailleur infatigable qui avouait que sa plus grande punition avait été, au cours d’une traversée de désert politique, de se lever le matin, et de ne savoir que faire de sa journée. De l’ami des arts aussi, passionné de musique et familier des ateliers de peintres amis. Et enfin du banquier qui sut, à l’appel de son pays, interrompre une retraite calme et sereine pour accepter une des tâches les plus lourdes qui soit en des temps difficiles : assurer la stabilité de la monnaie.
Ce livre qu’il avait enfin consenti à écrire, s’étant longtemps réfugié dans un silence de réserve, constitue, certes, un évènement. De par ce qu’il révèle sur l’homme, l’époque et les différentes facettes qu’il a connues. Mais aussi par l’élégance de son style, le raffinement de sa langue, l’acuité de son expression.
Plus de 500 pages pour évoquer un parcours de quelque 60 années au cœur des choses, c’est beaucoup, et peut-être pas assez.
«Un récit exceptionnel, un témoignage de première main et une série d’analyses perspicaces», nous dit-on en présentation de l’ouvrage.
Lui-même explique comment il a enfin oublié la discrétion qu’il s’était imposée :
«En cet automne pandémique de l’année 2020, l’octogénaire que je suis aujourd’hui est, une fois de plus, brutalement rappelé à l’ordre par les silences qu’il a observés jusqu’à présent, au grand dam des siens, et peut-être bien de certains de ses amis, sur sa vie, et plus encore sur son parcours professionnel, long de cinq décennies et demie».
Chedly Ayari s’est donc jeté à l’eau, évoquant son parcours pluriel, en prévenant tout de même le lecteur qu’il ne s’agira là ni de devoir de mémoire, ni d’essai historique, ni d’autobiographie, ni de témoignage, mais plutôt d’un travail de mémoire».
Irons-nous jusqu’à en remercier le Covid ? Le récit que fait l’auteur à travers ses pérégrinations entre les différents moments qui ont rythmé sa vie, le moment universitaire, le moment diplomatique, le moment politique et le moment financier, a su brillamment échapper à la langue convenue de ce genre de pratique.
Concluons donc avec l’éditeur :
«Avec la pédagogie de l’universitaire, la précision du financier, le charisme de l’homme d’Etat, et la plume d’un fin lettré, Chedly Ayari, en grand acteur et témoin, nous livre ici un éclairage exceptionnel».
Alors oui, merci le Covid !